Monsieur Bernard MULLER

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Domicilié à Folgensbourg (68220, France)
Né à Folgensbourg (68220, France) le lundi 21 mai 1928
Décédé à Saint Louis (68300, France) le samedi 26 mars 2016 à l'âge de 87 ans
Epoux de Madame Marie BUSER

Espace « condoléances » 

Cet espace condoléances a été créé le lundi 28 mars 2016.

Les hommages

3 hommages  
Hommage 

suite 2

C’est d’ailleurs l’échec répété de la pérennisation d’un système de rémunération garanti des raisins qui m’a amené à titre personnel, de sortir les vignes de l’exploitation familiale de la Coopérative Vinicole de Westhalten et de devenir vigneron indépendant.
Et, c’est le Maschinenring, de par ses assurances de fonctionnement qui m’a permis de sauter le pas sans crainte car mon exploitation allait bénéficier comme toutes les autres de l’ensemble du réseau de chantiers ambulants que nous avions mis en route en bouleversant fondamentalement les habitudes du vignoble alsacien .
Avec,

- Lavage de bouteilles usagées
- Mise en bouteilles
- Filtration
- Etiquetage (avec beaucoup de difficultés car personne n’y croyait).
- Essai de machine à vendanger (alors que toutes nos instances officielles s’y opposaient)
- Distillation
- Aménagement de terrains viticoles
Ce fut une aventure incroyable et excitante. Les états d’esprit changeaient très vite et les vignerons ont commencé à raisonner en termes de gestion de temps : je m’occupe de mes clients avec le temps gagné par l’intervention à domicile d’un collègue pour un travail tel que le lavage de bouteilles usagées et la mise en bouteilles avec une machine aussi performante que celle d’une grande entreprise.
Ces réussites viticoles, beaucoup plus spectaculaires que celles en élevage, encore que les chantiers d’ensilage ou de sortie de fumier coordonnés par la CUMA Alsace Sud fonctionnaient parfaitement aussi, et bien, ces réussites interpelaient et imposaient le respect aux opposants les plus sceptiques
Malgré ces évidents succès, les viticulteurs et les éleveurs en ont été si peu conscients et reconnaissants qu’ils ne se sont jamais battus pour faire évoluer les législations afin de permettre au Maschinenring une existence légale.
Nos représentants agricoles et viticoles n’ont pas été à la hauteur des enjeux et il faut rajouter à leur décharge que, en haut lieu, à Paris, ils ont aussi été trompés et abusés par un certain Monsieur François GUILLAUME, président de la FNSEA, devenu Ministre de l’Agriculture par la suite.
Ce président donc de la FNSEA avait écrit à son prédécesseur, Ministre de l’Agriculture, qu’il serait grand temps que la France s’intéresse aux méthodes allemandes de production pour réduire d’insupportables distorsions de concurrence existantes entre les deux pays.
Devenu Ministre, il s’est dépêché d’oublier ce qu’avait écrit un certain Monsieur François GUILLAUME, président de la FNSEA.
Aujourd’hui, encore et toujours, nous pleurons sur les distorsions de frais de production…
Tout cela, Bernard MULLER voulait le changer avec son perpétuel esprit révolutionnaire.
D’ailleurs, beaucoup de choses lui survivent dans le vignoble, vignoble qu’il aimait tant .Les « entr'aideurs » sont devenus de belles entreprises de travaux à façon rentables et efficaces et où les plus gros opposants de l’époque sont devenus pour leur plus grand bien de fidèles utilisateurs.
Mais il manque à nos politiques et à nos syndicalistes un Bernard MULLER sacrifiant son temps sans compter pour inculquer le bon sens et des idées nouvelles qui amélioreront le sort de notre paysannerie en lui redonnant un peu d’espoir alimenté par la solidarité et l’humanité.

Adieu Bernard, vous avez été mon maître et mon ami et je vous en serai éternellement reconnaissant.
Vous m’avez appris à ne jamais me décourager et à accepter les hommes tels qu’ils sont car il n’y en a pas d’autres.
SEPPI LANDMANN
DIRECTEUR DE LA C.U.M.A. ALSACE SUD
DE 1976 A 1986
J’associe à ces paroles Mr Jean-Pierre FRICK, qui a été le dernier Président de la CUMA Alsace Sud et qui présente avec moi ses condoléances émues et sincères à la Famille de Mr MULLER, particulièrement à son épouse aimante Mariette et à sa fille Monique.

Seppi Landmann- 02-04-16

Hommage 

suite 1

C’était mal connaître la nature humaine avec ses faiblesses, ses calculs et ses trahisons.
Car des trahisons, il y en a eues. Pour preuve, au bout de 11 d’activité en 1986, le MR a été enterré un peu dans la honte et plus encore dans l’indifférence générale devant de la Chambre d’Agriculture.
Le reproche officiel était que le fonctionnement du Maschinenring n’était pas adapté à la législation française car nous étions en France et, l’Europe comme aujourd’hui encore, on ne faisait qu’en parler au lieu d’en puiser les avantages manifestes par rapport aux notres, français.
Un des accrocs a été le fait que le Maschinenring considère que les échanges entre les agriculteurs sont des activités équivalentes aux revenus tirés de la vente du blé ou du lait. Cela comprend aussi des services uniquement manuels tels que la taille des arbres fruitiers ou de la vigne.
Les jeunes syndicalistes du CDJA et particulièrement les représentants viticoles ont été absolument calamiteux dans ce dossier car ils soutenaient la MSA, toujours en embuscade pour grever de charges sociales les services de remplacement, concept français dénué de tout sens de l’abaissement des charges.
En gros, cela consistait à créer des salariés, en alourdissant le coût et ne rendait ainsi possible le remplacement qu’avec des subventions.
Bref, le système franco-français dans toute sa splendeur : en échange de subventions, on se tait en sachant parfaitement que le système est compliqué, lourd, inefficace et on oublie tout simplement l’intérêt de ses adhérents. D’ailleurs, le Haut-Rhin après l’arrêt du Maschinenring a été un des rares départements français à ne plus avoir de service de remplacement pendant quelques années. Un tel palmarès, reflétant le fond des choses et des esprits mérite d’être souligné !
Les mêmes syndicats aujourd’hui encore pleurent que les paysans allemands produisent moins chers que nous car non seulement leurs formes d’entraide ne sont pas grevées de charges sociales mais aussi leur main d’œuvre saisonnière en est également quasiment exemptée.
Bonjour les distorsions de concurrences dont Bernard MULLER alertait déjà il y a 40 ans.
Mais il aurait fallu d’autres hommes dans nos syndicats et notre chambre d’agriculture et l’Alsace a ainsi perdu une chance historique d’apporter à la France agricole quelques vraies solutions…..
Tout cela Bernard MULLER le supportait, essayait de le contourner et repartait à la charge car il était convaincu que seuls la rationalisation et l’abaissement des charges par toutes formes de moyens allaient permettre la compétitivité de l’agriculture et la viticulture de la France en Europe. A l’époque on ne parlait pas encore de compétition mondiale…
C’est dans cet esprit qu’il avait créé la CEVA (Centrale des Vignerons d’Alsace) devenue par la suite Centrale des Vignerons de France.
Là aussi, son idée de mutualisation des moyens pour affronter les marchés internationaux, particulièrement allemands, était le fil conducteur.
Avec la CEVA, j’ai vu, dans des circonstances pénibles, un Bernard MULLER courageux assumant en tant que Président la faillite de cette structure montée avec ambition et détermination mais contournée et sabotée par ses propres administrateurs.
Quant aux viticulteurs, Bernard MULLER a été de longues années le leader de la défense du prix du raisin, pierre angulaire du revenu du vigneron.
Tout ce que l’on propose désespérément aujourd’hui, en particulier le stock régulateur, l’indexation du prix du cépage à sa côte marchande, la prise en compte de l’inflation, la publicité (appelée maintenant communication), du vin d’Alsace en France et à l’étranger, et bien tout cela Bernard MULLER l’avait déjà proposé inlassablement tous les ans en tant que représentant des vendeurs de raisins au sein de l’Association des Viticulteurs d’Alsace à la fin des années 70.

à suivre...

Seppi Landmann- 02-04-16

Hommage 

Eloge à Bernard MULLER

Avec Monsieur Bernard MULLER disparaît un homme exceptionnel, un grand homme du paysage agricole et viticole alsacien.
Encore étudiant, je l’ai connu au début des années70, militer ardemment en tant que membre de l’Association des Viticulteurs d’Alsace, dans les réunions consacrées à l’extension du vignoble du sud de l’Alsace.

Personne entre Thann et Soultz ne se battait pour cette partie du vignoble lors de l’élaboration du périmètre définitif de l’aire A.O.C.

Ce bout du vignoble lui doit beaucoup, car à l’époque, l’esprit de l’élevage et la culture dominait, mais Bernard MULLER voulait développer la capacité de la coopérative vinicole de Soultz-Wuenheim qu’il avait créée en 1958. D‘où sa détermination à agrandir les surfaces viticoles dont certains n’en n’ont vu les avantages que plus tard.

Il avait aussi créé la CUMA Alsace Sud, Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole en Commun ,suite à des réflexions menées en CETA (Centre d’Etude Technique Agricole) qui grosso modo générait la réflexion pour faire évoluer par elle-même l’agriculture et la viticulture encore moyen-âgeuse de l’après-guerre vers des méthodes plus rationnelles et plus économiques aboutissant à des mises en commun tels que l’achat et le fonctionnement de matériels en commun avec déjà à l’époque un chauffeur à mi-temps.

Par la suite, il m’a l’une ou l’autre fois parlé avec émotion de ces réunions de camarades entre agriculteurs et viticulteurs qui cherchaient des solutions solidaires pour se sortir de la misère et évoluer vers une agriculture moderne nourrissant correctement leurs familles.
Mais, insatiable, et toujours à l’avant-garde il avait très vite appréhendé les défauts majeurs de l’utilisation du matériel agricole en commun.
Aussi, ayant eu connaissance qu’en Allemagne il existait un système supérieur appelé Maschinenring, et qui contournait tous les inconvénients du matériel utilisé en commun, il s’est déplacé, comme à son habitude, pour aller voir, et en est revenu convaincu qu’il fallait faire évoluer sa CUMA locale en Organisme Départemental d’Entraide et d’Utilisation des Moyens, des Hommes et des Matériels.
Donc, plus de matériel en commun, mais une organisation générale commune permettant un abaissement des coûts de production en toute liberté, soit en prenant le statut de donneur de travail ou celui de preneur de travail ou les deux selon les nécessités.
L’idée était tellement à contre-courant des mentalités françaises, persuadées de la supériorité de nos systèmes et de nos valeurs que Bernard MULLER n’a pas trouvé beaucoup de soutien enthousiaste auprès de la Chambre d’Agriculture, ni auprès du syndicalisme aîné et jeune pour favoriser le développement de cette Association de Services gardant le nom de CUMA Alsace Sud, Maschinenring restant définitivement imprononçable.
Mais son caractère têtu de battant sundgauvien, son sens de l’humanité, ses capacités de compréhension et de pardon sans limites pour les petites et grandes trahisons lui ont permis de développer en France cette formidable idée sortie de la tête du professeur Eric GEIERSBERGER de Bavière.
Envoyé en formation chez Mr Hans Uhlemann, directeur d’un MR près de Hanovre, j’en suis revenu enchanté et motivé car l’idée de pouvoir libérer les agriculteurs et les viticulteurs des liens de dépendance obligés, de leur donner l’occasion de travailler ensemble sans avoir la corde au cou, d’avoir compris que l’entraide entre agriculteurs est plus un acte économique que social et que, déchargé de la réciprocité obligatoire individuelle par le fait du dédommagement du service en argent, chacun pouvait choisir ou d’offrir ses services ou d’en bénéficier ou faire les deux si nécessaire.
Un monde nouveau à créer s’ouvrait donc devant moi, et, jeune et naïf, je pensais que naturellement tous les acteurs du monde agricole et viticole et leurs organismes allaient nous soutenir et s’investir sans retenue.

à suivre...

Seppi Landmann- 02-04-16